Les
Ramones ont toujours eu l'habitude de pondre des albums en demi-teinte
lorsqu'ils tentaient de renouveler leur style. Et ce n'est pas ce Brain
Drain, sorti en 1989 juste avant le départ du bassiste et compositeur
Dee Dee Ramone, qui sera la première exception à la règle.
La
première surprise de Brain Drain tient dans le fait que le
point culminant de cet album est bel et bien une reprise, celle de Palisades
Park de Freddy Cannon. Il était en effet un temps où
les Ramones excellaient dans le choix de reprises (California Sun,
Do you wanna dance ?, ...), exécutées avec tellement
d'entrain et de simplicité ramonienne qu'elles finissaient par devenir
des incontourables de leur répertoire, au sein duquel on ne les
différenciait plus des compositions originales. Et c'est ici bien
le cas avec cette petite merveille qui nous permet, le temps de deux courtes
minutes, de se retrouver, 15 ans plus tôt, à une période
où la puissance de feu des Ramones n'avait d'égale que leur
talent mélodique. Nostalgie, quand tu nous tiens, ...
Et
si le point culminant de l'abum est donc une reprise, l'autre seul bon
moment n'est rien d'autre qu'une oeuvre de commande. C'est en effet tout
spécialement pour la bande originale de l'adaptation cinématographique
du roman éponyme de Stephen King (un grand fan), que les Ramones
accouchèrent de
Pet Semetary, titre résolument atypique
et réussi, qui rejoindra les Sheena is a Punk rocker et autres
Rockaway Beach au panthéon des refrains que tout être
humain normalement constitué se plaira à chanter sous sa
douche.
Eh
oui, l'on peut bel et bien parler de nostalgie en présence de Brain
Drain. Car, combien de fois a-t-on parcouru l'album de long en large
à la recherche d'un hymne définitif, capable de nous rappeler
au bon temps où les chevelus se payaient le luxe d'en placer une
demie-douzaine par disque. Ce ne sera en effet pas le cas des laborieuses
Learn to listen,
All screwed up, Ignorance is bliss
et autres
Punishment fits the crime, dont l'histoire ne retiendra
que leur fonction élementaire de remplissage.
Et
puis, comment expliquer que les Ramones n'aient jamais compris que leurs
albums n'ont jamais été mieux produit que par des hommes
maisons (Tommy Ramone, Ed Stasium, Daniel Rey, ...), et non pas par quelque
star de studio d'enrigistrement, Bill Laswell en l'occurence, dont le seul
mérite aura été ici de donner au batteur Marky Ramone
le son de caisse claire le plus énorme de toute sa carrière,
à tel point qu'il réussit à bouffer litéralement
tout le reste de l'album. Hormis l'adjonction de quelques choeurs parfois
bien sentis, la production de cet album se révèle donc bien
trop stérile.
Avec
Brain Drain, nous sommes donc au final en présence d'un album
sans réel caractère, sorte de pont entre la période
hardcore et la fin de la carrière du groupe, et dont l'histoire
ne retiendra probablement que le manque cruel de mélodies et autres
riffs accrocheurs.