Bruits
sourds d'une foule en délire. La rumeur s'amplifie, "Hey ho, let's
go". Un personnage hirsute vêtu de cuir s'empare du micro : "Hey
! We're the Ramones, this one's called Rockaway Beach !". "One-two-three-four
!!!", éructe un de ses comparse chevelu ....
Quel
être humain normalement constitué n'a pas ressenti des frissons
parcourir son épine dorsale lorsqu'il a entendu pour la première
fois le prologue du plus grand disque de rock'n'roll de tous les temps
?
S'il
ne fallait retenir qu'un titre au sein de la prolifique discographie des
Ramones, ce serait bien celui-là. Car les New-yorkais, et cet album
nous l'apprendra à nos dépens, sont avant tout un groupe
de scène. Enfin débarassée des contraintes de la production
studio, la musique des Ramones éclate de toute sa simplicité
rageuse lorsqu'elle est réduite à son plus simple état
: une débauche de coassements mélodique cachée sous
un amas de distorsion saturée soutenue par une rythmique aussi rapide
que brute.
It's
alive
peut être considéré comme le témoignage le plus
fidèle de ce qu'ont été véritablement les Ramones.
Il s'agit en effet de l'enregistrement d'un concert donné par les
chevelus au Rainbow Theatre de Londres un soir de Réveillon 1977,
soit au sommet de leur art musical, après leurs trois chefs-d'oeuvre
consécutifs (Ramones, leave home et Rocket to Rusia).
Le contenu est donc émaillé des plus grands titres des premières
années, Blitzkrieg bop, Teenage lobotomy, Rockaway
Beach, Cretin hop,
Sheena is a punk rocker et plus encore.
Car à cette époque, les Ramones n'avaient pas encore pris
cette désagréable habitude (visible notamment sur Loco
live) d'expédier leurs plus grands titres à la moulinette
sans pitié pour le reste de leur répertoire. Ici, n'ayant
pas encore le poids d'un nombre de titres faramineux, les New-yorkais prennent
le temps de s'envoyer quelques titres plus marginaux qu'on ne verra plus
jamais apparaître par la suite : Here today, gone tomorrow,
I
don't care et autres bijoux oubliés. C'était également
la période où le groupe avait une véritable présence
scénique, où Joey chantait plus avec ses tripes qu'avec son
nez et où Dee Dee se donnait la peine de faire effectivement les
choeurs qui lui étaient dévolus.
Et
enfin, ce It's alive est un disque hors norme grâce à
la qualité exceptionnelle du son. Car si chaque coup de plectre
de Johnny y est décelable, il conserve malgré tout l'authenticité
et l'aura d'un live.
Aux
Etats-Unis, il est écrit dans la loi que chaque famille, conformément
au principe du minimum vital assuré par l'Etat, a le droit de posséder
une télévision. Le funeste jour où je deviendrai Président
de ce si beau pays, il va de soi que j'y ajouterai It's alive des
Ramones. Ce disque a déjà sauvé le rock'n'roll, il
peut certainement en faire bien plus.